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Université populaire de Caen
Au
cours des précédentes séances, dans le cadre de ce dispositif que je souhaite
évolutif, nous sommes arrivés à la décision suivante : à chaque séance, on
utilisera un support, que ce soit un objet apporté par un des participants ou,
à défaut, la suite du roman de Lipman. Les questions proposées ensuite pourront
être soit inspirées par l’objet ou le texte, soit être des questions
« libres ».
Aujourd’hui,
comme d’habitude, les enfants avaient apporté chacun un petit goûter : bonbons,
barres chocolatées, boissons. Mais Julien n’avait rien, et il a décidé d’aller
au distributeur proche. A la suite d’une erreur dans le numéro tapé, au lieu
des biscuits escomptés, il revint avec un paquet de bonbons à la fraise, au
goût improbable, qu’il nous proposa généreusement de partager avec lui.
Me
souvenant d’une discussion avec Michel, je suggérai que nous partions de cette
« dégustation » pour poser des questions. Enthousiasme mitigé des
enfants, dont l’un proposa de s’inspirer plutôt de la canette de Coca-Cola qui
trônait sur la table.
Comme
nous n’oubliions pas que nous avions rendez-vous vers 19h45, dans
l’amphithéâtre, avec Michel, pour lui poser une question à laquelle il
répondrait devant son public, il nous fallait raccourcir les premiers temps de
notre atelier. Nous convînmes donc d’abandonner le texte, au moins pour cette
fois, les questions libres étant encore admises.
Le
corpus de questions fut donc arrêté comme suit :
QUESTION RETENUE APRES LE VOTE :
Compte-rendu de la
discussion :
Olivier pense qu’un rapprochement est à faire entre la superstition et la religion. Puisqu’on dit « Ca porte malheur » c’est qu’on trouve qu’il y a une différence entre le mal et le bien. Mais avec quel type de religion peut-on faire le parallèle ? Une vague croyance en quelque chose ou une religion établie ? Ce qui revient à se demander si les personnes superstitieuses sont croyantes.
Nous nous demandons quelle types de personnes sont superstitieuses. Plusieurs réponses sont apportées : on évoque les personnes les plus pauvres, les personnes timides, celles qui se cachent, qui ne sont pas bien dans leur peau, comme celles qui se maquillent énormément pour se cacher ; on parle aussi de celles qui ont des problèmes physiques. Pour plusieurs, il semble que quand on a été habitué depuis son enfance à la superstition, on se laisse plus facilement « avoir » par elle.
Revenant sur quelques-uns des profils évoqués, on insiste sur le cas des pauvres. Pourquoi seraient-ils superstitieux ? Peut-être parce que les pauvres n’ont pas beaucoup de chance, donc la superstition pourrait être un facteur d’espoir de s’en sortir. Mais puisqu’ils sont pauvres, dit quelqu’un, ils ne peuvent pas acheter de porte bonheur ! C’est oublier qu’au temps des Grecs, il y avait des oracles qui interprétaient le vol des oiseaux, le vent…. La superstition n’est donc pas nécessairement liée à l’achat d’un objet. On peut aussi trouver un trèfle à quatre feuilles, ou récupérer des magazines avec horoscopes. L’argent n’est pas un problème, dans cette situation. Cependant, si on pense que les gens les plus pauvres sont dans les villes, qu’ils vivent dans les rues, ils auront du mal à trouver un trèfle…
Il y a, semble-t-il, beaucoup d’inconvénients à être superstitieux. Plein de signes peuplent notre vie quotidienne, donc ce n’est pas une bonne chose pour notre sérénité que d’être toujours à l’affût de ceux-ci, et de s’inquiéter pour l’avenir. Mais, à l’inverse, on peut aussi être rassuré : si on traverse une mauvaise passe, on achète une patte de lapin, et le simple fait de croire en son pouvoir de porte-bonheur peut aider à s’en sortir. Le cas de l’horoscope retient notre attention, car si on dit dans l’horoscope que la journée va être très mauvaise, ça risque d’entrainer des effets négatifs. A cela, on répond que les horoscopes ne prédisent jamais rien de mal… parce que ça nuirait à leur business. D’ailleurs, est-ce que c’est vrai un horoscope ? Leurs phrases sont tellement générales qu’on peut tous les interpréter de façon différente. Les personnes croient que ça marche, et continuent à l’acheter… Il y a des gens qui « font un fric fou » avec ça.
Anne-Lise demande si l’un des participants s’estime superstitieux. Comme dans le cas de la religion, évoqué dans la discussion du 6 janvier, tous trouvent dommage de ne pas avoir de personnes superstitieuses, car cela permettrait de mieux comprendre son point de vue.
Est-ce de la superstition que d’interpréter le vol d’un oiseau ? Dans le même ordre d’idée, Olivier nous dit que parfois, certaines choses se produisent qui le font espérer que quelque chose de positif va se produire, qu’il va avoir une bonne note, etc. Est-ce de la superstition ? Ce serait plutôt des rapprochements qu’il fait entre différents évènements. On ne peut guère aller plus loin, car il ne se souvient pas d’un exemple précis de ce type de mise en relation.
Anne-Lise nous parle alors d’une de ses copines qui fait une croix sur le pain avant de le couper. A son avis, c’est de la superstition ! Olivier n’est pas d’accord. Ne serait-ce pas plutôt une pratique en rapport avec la religion ? Mais on pourrait ranger dans cette même catégorie les images pieuses qu’on trouve parfois à l’entrée des maisons, qui demandent à telle saint ou sainte de protéger ses occupants.… Est-ce la même chose que de croire au pouvoir des fers à cheval ? Julien pense que non. Pour lui, c’est plutôt de la religion. Léa pense que cette croix sur le pain pourrait être la survivance d’un temps où on faisait des marques d’appartenance sur la nourriture. Peut-être aussi que les gens qui continuent à le faire maintenant l’ont vu faire quand ils étaient jeunes, et qu’ils continuent cette pratique, vidée de son sens, sans être capables de la remettre en cause. Julien avance que c’est peut-être un choix, que les parents qui ont transmis cette habitude sont croyants et aimeraient bien que leurs enfants le soient. Pour Olivier, ce qui est dommage, c’est de ne pas être capable de s’en défaire, de voir qu’on a évolué…
Précisément, cette transmission des modes de pensée des parents aux enfants est-elle une bonne ou une mauvaise chose ? Et si c’est une mauvaise chose, comment agir pour s’en défaire ? C’est une mauvaise chose, disent plusieurs, car les enfants voudront peut-être faire leur propre choix. Mais la réflexion sur ce sujet peut être différente si on envisage que cette transmission intervienne dès le plus jeune âge des enfants, ou si elle intervient plus tard. Pour tous, c’est une mauvaise chose, si cet embrigadement commence dès le plus jeune âge, car alors les parents ne laissent pas le choix aux enfants. Mais ceux-ci pourront sans doute, à partir d’un certain âge, se faire leur propre idée. Si c’est le cas, à quel âge cela pourrait-il se produire ? vers 14-15 ans ? Mais il semble pourtant que pas mal de personnes maintenant âgées sont restées dans l’idéologie de leurs parents !
La question de la digression est à nouveau posée, sans que le groupe tombe d’accord pour penser que nous en vivions une…
En fin
de séance, plusieurs thèmes ont été proposés, suite à cette discussion, comme
pouvant éventuellement en constituer un approfondissement, ou un
prolongement :
·
La religion
·
La transmission parent /
enfant
Ont distribué la parole :
Un quart d’heure avant la fin du
cours, nous sommes allés ensemble poser une question à Michel, là-haut, dans
l’amphi. Ce fut donc « Pourquoi certaines personnes veulent-elles
acheter des objets de marque ? » Michel demanda si quelqu’un dans
la salle voulait répondre. Une dame prit la parole. Elle se lança dans une
explication que je n’ai pas retenue, mais termina sa démonstration par une
adresse en direction des enfants : « Vous devriez réfléchir à
cela », dit-elle. Ce que les enfants reçurent mal ; ce que, moi, je
ne me permettrais jamais… Oui, la route est encore longue pour que les enfants
soient considérés comme des êtres à part entière, capables de penser par
eux-mêmes…
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