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Université populaire de Caen
Comme les fois
précédentes, nous avons lu un chapitre du roman « Kio et Augustine »,
de Matthew Lipman. Les questions que les participants ont proposées ensuite
étaient soit inspirées par la lecture de ce chapitre, soit issues de leur
propre réflexion. Nous avons néanmoins conservé l’idée de partir d’autres
supports, objets, œuvres d’art… apportés par les discutants.
Nous sommes
arrivés à la décision suivante : à chaque séance, on utilisera un support,
que ce soit un objet apporté par un des participants ou, à défaut, la suite du
roman de Lipman. Les questions proposées ensuite pourront être soit inspirées
par l’objet ou le texte, soit être des questions « libres ».
Aujourd’hui,
donc, pas de changement par rapport aux séances précédentes :
Questions proposées à partir du texte :
Questions proposées sans référence au texte :
QUESTION RETENUE APRES LE VOTE :
Compte-rendu de la
discussion :
A-t-on besoin d’un dieu ? cela a été notre première interrogation. Il semble en tous cas que ce besoin ne soit pas ressenti par tous les hommes. Certains hommes, semble-t-il, peuvent vivre sans dieu, peut-être à cause de l’éducation qu’ils ont reçue. A une question posée par l’un des participants, on a pu se rendre compte qu’aucun de ceux-ci ne se déclarait croyant, ce qui a paru ennuyeux dans la mesure où il aurait été intéressant d’entendre les arguments d’une telle personne. D’autres hypothèses ont donc été avancées concernant le besoin d’un dieu : peut-être l’idée qu’un dieu est à l’écoute aide-t-elle à réfléchir, permet-elle de se confier, de poser des questions à quelqu’un ressenti comme extérieur, plutôt que se les poser à soi-même. Cette idée permet peut-être pour certains de trouver une forme de réconfort, particulièrement dans les moments difficiles, mais un réconfort de quelle nature ? Tout cela pourrait faire penser que le dieu en question tient un peu le rôle d’un ami, mais il semble bizarre alors de poser des questions à quelqu’un qui, contrairement à un ami, ne donne jamais de réponse. Une possibilité pourrait alors être que ces personnes connaissent déjà les réponses, mais ont besoin de formuler les questions pour les trouver en elles-mêmes.
On s’interroge alors pour savoir si la discussion s’éloigne du sujet. La majorité est d’accord pour dire que non.
Revenant sur les derniers propos échangés, le groupe cherche alors à savoir pourquoi on ressent le besoin de poser ses questions à quelqu’un d’extérieur. Dans les cas de détresse, ça permet d’aller vers l’extérieur, d’extérioriser, ça enlève un poids, ça donne l’impression d’avoir une aide. Dans les autres cas, ça peut être simplement parce qu’on ne connaît pas la réponse.
La croyance en un dieu est souvent issue de propos entendus, dans la famille, parmi les amis. Ce qui ne fait que repousser dans le temps l’origine de cette croyance. Comment cette croyance est-elle née ? voilà la question qu’il faudrait régler. A Léa qui disait qu’on pouvait peut-être faire remonter l’émergence à Jésus, qui se disait fils de Dieu, Olivier répond que c’est bien antérieur, en citant l’Egypte, par exemple. Et se pose aussi la question de la preuve scientifique de l’existence de ce dieu.
On peut aussi se demander si les personnes qui croient en un dieu simplement parce qu’on leur a dit que ce dieu existe sont peut-être tout bonnement naïves… Sans qu’on puisse réellement conclure, la question est posée de savoir de quel type d’éducation il est le plus difficile de sortir : d’une éducation athée, ou d’une éducation religieuse ?
Autre remarque, dans le christianisme, qui est la religion que nous connaissons le mieux, le dieu est un homme, apparemment. Pourrait-on penser alors que les personnes qui l’ont inventé étaient sexistes, dit Anne-Lise ? Par ailleurs, d’où viennent donc ces idées que le dieu sait tout, qu’il peut tout ?
Par ailleurs encore, ce monothéisme, ou qui se présente comme tel, en est-il vraiment un ? C’est Olivier qui a rapproché le culte rendu aux saints de ces spécialités des dieux grecs ou égyptiens : dieu du commerce, des voyageurs etc.
Autre paradoxe, qui concerne ce dieu de bonté dont parlent les religions : comment accorder l’idée d’un tel dieu avec les catastrophes, les guerres, les maladies génétiques ? Mais ceci, dit Léa, est-il une preuve que Dieu n’existe pas ? Poursuivant dans la même idée, et reprenant les paroles bibliques selon lesquelles Dieu a fait l’homme a son image, Olivier cite cette chanson d’Eddy Mitchell qui dit qu’alors, « il doit être moche dehors, dedans ». A quoi il est peut répliqué que ce sont plutôt les hommes qui ont fait Dieu à leur image, parce qu’il faut bien un support pour l’imaginer.
Une discussion s’ensuit pour déterminer si Dieu est plutôt une idée ou une personne. Pour Olivier, on ne peut pas se le représenter précisément parce que c’est une idée : comment se représenter le courage ? Mais Anne-Lise est opposée à cette conception, en reprenant ce qui avait été dit en début de discussion : pourquoi s’adresserait-on à une idée ? pourquoi en attendrait-on des réponses ?
Une nouvelle et brève discussion a lieu à ce moment sur le caractère éventuellement digressif de cette partie des échanges. Il semble, pour la majorité, qu’ils ne le soient pas. Et même s’ils l’étaient, cela poserait-il problème ?
Anne-Lise fait à nouveau le lien avec le début de la discussion, et insiste pour dire que puisque les gens parlent à Dieu, ils ont besoin d’en avoir l’image d’une personne, à quoi Olivier répond en faisant référence à la définition de Dieu que donne Robinson Crusoë à Vendredi, en lui disant qu’il est partout, ce qui semble incompatible avec une « personne » unique. Oui, dit Anne-Lise, mais s’il sait tout, c’est qu’il a des pensées. S’il a des pensées, c’est que c’est quelque chose comme une personne… Il semble impossible d’en faire une description, dit Julien, mais on lui répond que de nombreuses œuvres d’art le montrent sous la forme d’un vieillard, ou d’une main, ou d’une lumière…
On termine en discutant sur les preuves possibles d’une existence de Dieu. On nous dit qu’il a tout créé. Qui l’aurait fait sinon ? A quoi les scientifiques peuvent donner des éléments de réponse, depuis les premiers instants de l’univers jusqu’à l’apparition de la vie etc. On a la preuve que tout s’est passé de cette manière dit Anne-Lise.
La dernière remarque soulève un nouveau paradoxe : comment un dieu aurait-il pu créer des religions différentes, ou accepter qu’il s’en crée, et donc tolérer qu’on prie un autre que lui ?
Ont distribué la parole :
Prochaine séance, mardi 13 janvier 2004, amphi Tocqueville, 18h-20h
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