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Le café des enfants philosophes

Café du Serpent volant, à Tours

Atelier philo du 15 octobre 2003

Etaient présents : Anthony (12ans), Maxime (12 ans), Benoît (12 ans), Lara (12 ans), Thomas (8 ans), Ornella (8 ans), Ivan (15 ans), Gwendal (10 ans).

Qu’est-ce que l’amitié ?

Compte-rendu de la discussion :

Chacun a d’abord tenté de donner sa définition de l’amitié. C’est l’envie de se rapprocher de quelqu’un, c’est se sentir bien avec quelqu’un. Ca se passe toujours entre 2 personnes ou plusieurs.

Régine a alors demandé quels problèmes pouvaient se poser dans l’amitié.

L’amitié c’est important, car sans ami on s’ennuie. Maxime n’est pas d’accord, car il y a les copains pour s’amuser. Ivan précise qu’il faut distinguer entre copain, camarade et ami. Oui, car certains cherchent des « amis » pour se servir d’eux, ça c’est pas l’amitié. Ornella ajoute que l’amitié peut être trahie, et Maxime d’ajouter qu’on peut aussi retirer son amitié à quelqu’un, par exemple quand on rencontre une personne que l’on trouve mieux que l’ami qu’on avait jusqu'à ce moment là. Ornella le provoque en lui disant : « alors on aurait des réserves d’amis ? mais si on retourne vers le premier parce qu’on s’est trompé, il peut aussi nous rejeter. » C’est vrai, admet Maxime, avant de rejeter l’autre, il faut peut-être penser que l’autre sera triste d’être rejeté.

On peut aussi éprouver de la jalousie face à une amitié dont on se sent exclu, prolonge Lara.

« Quelles différences faites-vous entre copain et ami ? » demande Régine.

Le lien est plus fort, plus intime. On est lié par quelque chose d’intime, des sentiments, proposent Lara et Ivan. Anthony ajoute qu’avec un ami on partage des choses très personnelles, on s’appelle le soir, alors que les copains c’est histoire de s’occuper. Un copain c’est comme un collègue de classe, renchérit Maxime. Ornella précise : «  ce n’est pas la quantité de temps qu’on passe avec quelqu’un qui définit la profondeur de l’amitié. »

Anthony ajoute : « on peut choisir de passer du temps avec quelqu’un pour entretenir une amitié ou juste pour s’amuser. »

Ornella dit que copain ou copine c’est pour l’école, on n’a pas besoin de penser à eux, on les voit tous les jours, alors qu’un ami on le choisit, on pense à lui, car on ne le voit pas toujours. Gwendal ajoute qu’on est impatient de le voir, on l’attend, ça fait du bonheur.

Plusieurs sont d’accord pour dire que dans une situation critique l’ami va t’aider, le copain va te laisser tomber. L’ami ne va pas dire du mal de toi, ou on ne dit pas de mal de son ami.

Mais on peut aussi se disputer entre amis, objectent Maxime et Benoît. Ivan ajoute qu’être d’accord sur tout c’est lassant. Se disputer permet de faire le point, de voir comment le lien est solide.

Ivan va plus loin en disant que les liens amicaux changent de nature avec l’âge. Au lycée c’est plus comme au collège. C’est plus intellectualisé. C’est plus seulement sur les points communs. C’est quelque chose de fort qui passe. C’est plus seulement les petits secrets, c’est plus un vrai lien. Lara dit qu’elle a aussi senti une différence entre le collège et l’école primaire.

Régine demande de préciser : ce changement d’état n’est-il pas dû à un enrichissement de ce qu’on vit ? L’expérience ajouterait quelque chose. C’est comme si avec l’âge on pouvait reconnaître ce qui est bien, par comparaison, on sait plus apprécier.

Lara et Maxime poursuivent en disant que trouver du premier coup un ami, c’est pas facile. On peut nous tromper, un soi-disant ami peut se servir de nous. L’amitié se voit à la longue, on gagne la confiance de l’autre, même s’il y a des hauts et des bas. Lara ajoute : « l’amitié ça se construit dans le temps ». Ce qui fait penser à Ornella et Anthony qu’on a peu de vrais amis dans la vie. Lara confirme en disant qu’il n’y a pas beaucoup de personne avec qui on est en confiance, qui ne te mettent pas à l’écart ou se moquent de toi. Mais elle poursuit en ajoutant que c’est différent une amitié avec une fille ou avec un garçon, les filles font des histoires. Maxime lui répond que les deux font des histoires, mais que ça ne se règle pas de la même manière entre deux filles ou entre deux garçons.

Laure demande alors ce qui change avec l’âge : « on ne fait plus de pacte, on n’a plus besoin de demander : t’es mon meilleur ami ? »

Ornella pense que les vrais amis ne posent pas de condition. Ivan ajoute qu’on a pas besoin de le dire quand on est grand, ça se sent.

Et Maxime de conclure : « l’amitié c’est une perle rare, il ne faut pas la négliger ».

Régine clôt le débat en faisant appel à Aristote qui définit la philia comme le propre de celui qui aime, qui est en harmonie avec. Il affirme que la philia est la chose la plus précieuse au monde.

Laure poursuit l’idée de Maxime en disant qu’il ne faut certes pas la négliger, pas faire aussi attention de ne pas la détériorer.

« Oui, approuve Régine, l’autre peut me trahir, mais moi je peux aussi lui faire du mal. »

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