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Université populaire de Caen
Au cours des
précédentes séances, dans le cadre de ce dispositif que je souhaite évolutif,
nous sommes arrivés à la décision suivante : à chaque séance, on utilisera
un support, que ce soit un objet apporté par un des participants ou, à défaut,
la suite du roman de Lipman. Les questions proposées ensuite pourront être soit
inspirées par l’objet ou le texte, soit être des questions
« libres ». Aujourd’hui, donc, en l’absence de support apporté par
les enfants, nous avons lu un nouvel extrait de « Kio et Augustine ».
Personne
n’oubliait que nous avions rendez-vous, dans l’amphithéâtre, avec Michel, pour
lui poser une question à laquelle il répondrait devant son public. Restait à la
choisir, cette question.
QUESTION RETENUE APRES LE VOTE :
Compte-rendu de la
discussion :
Peut-on vraiment « créer une disparition » ? Cette expression ressemble à un oxymore, ces formules qui comportent une contradiction interne. Pour les enfants et adolescents présents aujourd’hui, il semble bien que c’est possible. On peut créer une disparition, puisque certains se suicident. Ils le souhaitent, puisqu’ils ont des raisons de le faire. Un suicide, on le prépare, on le crée… On le provoque au moins. Entre provoquer et créer, la différence réside dans le souhait. Les assassins aussi provoquent des disparitions. Par exemple, on peut provoquer des accidents, sans le souhaiter.
Les humains dans leur ensemble ne souhaitent probablement pas leur propre disparition : ils ne se rendent pas compte des conséquences de leurs actes. Ceci pose le problème de la guerre : si tout le monde développe des attitudes belliqueuses, on va arriver à la même conséquence, la disparition de l’humanité. Sur ce point, Marie est en désaccord : les présidents envoient les armées à la guerre pour se défendre, pense-t-elle. A quoi on répond que certains le font aussi pour attaquer et qu’ils ne veulent probablement pas faire disparaître tous les humains, mais une partie. George Bush, par exemple, n’a pas envoyé ses troupes en Irak pour se défendre. Il devait y avoir autre chose. Peut-on considérer cette attitude comme une réaction de légitime défense face aux attaques terroristes ? Bush est plutôt obnubilé par le pouvoir, les richesses, le pétrole. Et au-delà de cet exemple précis, les arguments liés à l’attaque et à la défense posent le problème de la première cause…
Par ailleurs, ne parle-t-on que de guerre ici ? La guerre peut être considérée dans certains cas comme une attitude suicidaire. Mais on peut parler aussi des attitudes auto destructrices, comme la prise de drogue, de tabac, etc. Les gens devraient être conscients des risques qu’ils prennent…Mais est-ce si sur ? Certains ne pensent-ils pas plutôt qu’à leur plaisir ? Qui sont les vrais coupables de ces comportements ? On évoque ces gens qui mettent tous les additifs chimiques dans les cigarettes. Mais ne serait-ce pas, en fait, l’inventeur de la cigarette ?
Certaines maladies peuvent faire partie de ces catégories, quand des gens meurent par faute de vaccins, de médicaments. Les coupables sont aussi les vendeurs de ces produits, c’est d’ailleurs la raison pour laquelle les prix augmentent. Mais, d’un autre côté, il faut penser aux gens qui vivent de ce commerce, aux ouvriers qui les fabriquent. Dans le cas précis des cigarettes, l’état est aussi coupable, puisqu’il gagne des impôts sur leur vente. Anne-Lise pense d’ailleurs que le prix ne sera jamais assez dissuasif, qu’il se trouvera toujours des gens pour en acheter. Olivier, lui, affirme qu’il ne pourra jamais faire le métier de buraliste, car il pense que c’est horrible de vendre des choses qui vont causer la mort de certaines personnes. Marie lui répond que, s’il était à la rue, et qu’on ne lui propose que ça comme métier, il finirait peut-être par l’accepter. De plus, d’autres métiers sont comparables : les vendeurs de vache folle, les routiers qui polluent, les métiers de l’armée (les combattants). Mais sans ces métiers, beaucoup de gens seraient au chômage… Les restaurateurs vendent aussi de l’alcool, comme produit dangereux.
On peut aussi faire allusion à tous les problèmes d’environnement.
Revenons à la question de départ : oui, tout le monde semble d’accord, les humains, au moins certains humains, oeuvrent à leur propre disparition. La part d’Internet n’est pas négligeable dans cette affaire, car il existe des sites où on recrute des terroristes. La mondialisation est en cause aussi, puisque dans les pays en voie de développement, l’espérance de vie a diminué. En fin de compte, l’argent semble être le facteur principal de tous ces maux.
Ont distribué la parole :
Un quart d’heure avant la fin du
cours, nous sommes allés ensemble, comme prévu, poser une question à Michel,
là-haut, dans l’amphi. Nous avions décidé que ce serait la question arrivée en
deuxième position, lors du vote, qui serait retenue. Ce fut donc « Pourquoi
dans certains pays les femmes n’ont-elles pas les mêmes droits que les
hommes ? » A l’unanimité, les enfants présents décidèrent que ce
serait Léa, qui l’avait initialement proposée, qui la dirait. Ce qu’elle fit,
micro à la main, devant l’amphi où étaient assis environ cinq cents personnes.
Michel répondit, et les enfants furent ravis, à la fois d’être allés là, et
d’avoir entendu une réponse claire, précise. D’autant qu’un dialogue s’engagea
entre Michel et eux. Les réactions du public adulte furent aussi très
positives. Plusieurs me firent part de leur satisfaction à voir ainsi des
enfants s’intéresser, et de quelle manière, à la philosophie. Tous souhaitaient
renouveler l’initiative. Michel était d’accord. Mais moi, j’avais un peu
l’impression d’abuser…
Toute cette partie, et l’habitude
prise et approuvée par les enfants de lire chaque semaine, en début de séance,
le compte-rendu de la séance précédente, nous ont empêchés de mener à bien les
phases habituelles de fin de discussion. Plus particulièrement, nous n’avons
pas réfléchi sur les thèmes insuffisamment approfondis et susceptibles d’être
repris, et nous ne nous sommes pas interrogés sur d’éventuelles modifications
du dispositif. Il faut dire que nous venions d’en vivre une, et de
taille ! A peine si, en redescendant de l’amphi, nous eûmes le temps de
nous dire qu’il fallait réduire la partie questionnement, car le temps de
discussion se réduisait, au fil des séances et des aménagements, comme peau de
chagrin. L’abandon définitif du texte fut envisagé. Nous en reparlerions…
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