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Université populaire de Caen
Aujourd’hui,
Olivier a apporté un bâton d’encens, et l’a allumé. Conformément aux décisions
prises précédemment, les enfants purent proposer soit des questions inspirées
par cet objet, soit d’autres, librement inventées.
QUESTION RETENUE APRES LE VOTE :
Compte-rendu de la
discussion :
La cruauté c’est négatif, méchant, c’est faire du mal. C’est même faire du mal en faisant exprès, ajoute Maïssane ; et ça se rapproche de la jalousie. Les douleurs infligées peuvent être mentales autant que physiques, mais ce point ne reçoit pas l’accord de tous : faire mal, ça ne reste pas dans la tête. Tout le monde semble cependant d’accord pour dire que c’est quelque chose de réfléchi, qu’il y a une cause. Par exemple, nous dit encore Maïssane, si on vit mal et qu’on veut se déchaîner. Pour Anne-Lise, c’est une façon de se venger. Pour d’autres, la vengeance n’entre pas dans la cruauté.
Léa précise que la cruauté ne s’exerce pas seulement à propos des personnes : on peut aussi être cruel envers un pays, dans les guerres par exemple. Ce qui n’empêche pas qu’il y ait une cause.
La cruauté est-elle innée ? Maïssane affirme que oui, car il y en a qui veulent tout détruire dans raison. Ce qui évoque un reportage vu récemment montrant un enfant de deux ou trois ans qui semblait vouloir dominer, y compris par la force, l’ensemble de ses camarades de crèche. Le caractère inné de la cruauté aurait pour Virginie la conséquence fâcheuse que, si on nait ainsi, on le sera toujours. Olivier pense lui que ce caractère n’est pas toujours présent.
Revenant sur l’exemple du petit garçon dans la crèche, Anne-Lise dit que, puisque celui-ci a un tel comportement pour avoir des amis, c’est qu’il y a bien une cause. Pour elle, on ne tient pas là une preuve du caractère inné du tempérament violent. Olivier, qui avait amené l’exemple, ne se souvient pas qu’il ait dit que le petit garçon cherchait à se faire des amis, mais que son comportement avait pour but de « se faire respecter ». Anne-Lise n’en démord et dit que ceci constitue tout de même une cause.
Virginie estime que la cruauté ressemble à une émotion ou à un instinct. Donc, peut-on dire que ça arrive à tout le monde ou à certaines personnes seulement ? Il semble bien que tout le monde en a un fond mais que certains ne le font pas ressortir ; mais, à une question de Léa, tous répondent que ce n’est pas une affaire d’âge : certains enfants sont cruels, mais les guerres sont faites par les adultes.
Je demande alors si certains ont des exemples de cruauté gratuite. Après quelques instants de discussion et de creusement de tête, c’est Virginie qui dit que, quand on prend une mouche et qu’on lui arrache des pattes, on n’a pas de raison. Mais, dit Hélène, si la mouche nous tourne autour, nous agace, ou si nous sommes effrayés par une araignée, c’est peut-être une raison pour lui faire du mal. A quoi Virginie répond que ses frères ont fait subir de genre de traitement à des insectes alors qu’ils n’en avaient pas peur. C’était pour s’amuser… Anne-Lise dit c’est peut-être que la cruauté, ou plutôt la conscience qu’on est cruel, est une notion à apprendre. Et que les frères de Virginie ne l’avaient pas intégrée…
Maïssane, conservant son idée que la cruauté peut se passer de cause, dit que les adultes peuvent être cruels par plaisir et Virginie ajoute que, même s’ils n’en ont pas la notion, c’est cruel… Les enfants aussi sont cruels par plaisir, pense Olivier. Ils sont cruels pour s’amuser. Mais que signifie « ils s’amusent », dans ce cas ? Peut-être que ce sont des gens qui s’ennuient, ou que ce comportement répond à un désir…
Ont distribué la
parole :
Un quart d’heure avant la fin du
cours, nous sommes allés ensemble poser une question à Michel, là-haut, dans
l’amphi. Ce fut donc « Sommes-nous tous philosophes ? » La
réponse fut brève et ne surprendra pas ceux qui connaissent déjà ses
écrits : oui, nous naissons philosophes, mais seuls certains le demeurent.
Les autres sont « fermés » par l’éducation reçue dans les familles, à
l’école ou ailleurs.
Puissent les discussions philo
menées avec des enfants, par moi ou d’autres, contribuer à maintenir la flamme
allumée.
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