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Atelier de discussion philosophique pour enfants et adolescents

 Université populaire de Caen

 

Séance du mardi 23 mars 2004

 

 

Le point de départ fut constitué par des parfums : trois échantillons, exactement, que chacun put sentir. Conformément aux décisions prises précédemment, les enfants purent proposer soit des questions inspirées par ces parfums, soit d’autres, librement inventées. 

 

Questions proposées à partir des parfums :

  1. Pourquoi mettons-nous du parfum ?
  2. Pourquoi a-t-on des goûts différents ?
  3. Pourquoi certaines choses sentent-elles mauvais ?
  4. Qu’est-ce que la beauté ?
  5. Pourquoi certains objets cassent-ils ?

Questions proposées sans support :

  1. Pourquoi certaines personnes sont-elles excentriques ?
  2. Pourquoi fait-on des blagues sur les blondes ?
  3. Pourquoi certaines personnes ne sont-elles pas sincères ?
  4. A quoi sert l’éducation ?
  5. Comment choisissons-nous notre métier ?
  6. Y a-t-il un âge pour boire de l’alcool ?
  7.  Comment peut-on représenter la pureté ?
  8.  Comment l’éducation doit-elle se faire ?
  9.  Pourquoi y a-t-il des personnes sévères ?
  10.  Pourquoi y a-t-il des personnes insolentes ?
  11.  Pourquoi certaines personnes ne respectent-elles pas les autres pour ce qu’ils sont ?
  12.  Pourquoi certaines personnes ont-elles peur de la mort ?
  13.  Pourquoi certaines personnes sont-elles malades ?

 

 

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QUESTION RETENUE APRES LE VOTE : 

 

 Y a-t-il un âge pour boire de l’alcool ?

 

Nous commençâmes la discussion en nous demandant si des limites d’âge pouvaient être posées pour d’autres comportements que la consommation d’alcool. Nous avons pensé à certaines pratiques sportives (judo, danse,…) qui imposent des aptitudes physiques particulières. A deux ans, par exemple, on est trop petit. Mais dans ce cas, ce n’est pas une question d’interdiction, mais plutôt d’impossibilité. En ce qui concerne l’alcool, c’est une question de conscience. Avant quatre ou cinq ans, on ne sait pas ce que c’est que l’alcool. Après, quand on sait les dégâts que ça peut causer, c’est différent.

Si un jeune enfant voit deux bouteilles, eau et alcool, il ne va pas prendre l’alcool, dit l’un des enfants. Mais les avis sur ce sujet furent partagés. Pour Anne-Lise, il pourrait en prendre si on ne lui a pas appris les dangers de la consommation d’alcool. D’autres dirent que si la bouteille d’alcool est sur la table, hors de sa portée, l’enfant aura recours aux parents qui vont lui donner des produits sans risque : jus de fruits… Mais si les deux bouteilles sont côte à côte, Hélène dit qu’elle n’était pas sûre que l’enfant va aller vers la bouteille d’eau, alors que Léa émit un avis contraire. Hélène pense que la curiosité peut le pousser à tenter un produit inconnu, alors que Léa dit que, comme il a déjà vu ses parents lui en donner, il va reconnaître la bouteille d’eau. Donc, pour elle, il ne prendra pas l’autre.

Anne-Lise mit cela en doute : à deux ans, d’après elle, la mémoire ne fonctionne pas de la même façon, on n’a pas conscience des choses ; l’enfant ne se rendrait pas compte que c’est dangereux. Léa sembla étonnée qu’on puisse penser qu’un enfant ne ferait pas la différence entre vin et eau. Anne-Lise répliqua que la différence serait faite, mais qu’il ne se rendrait pas vraiment compte et qu’il essaierait d’en boire. Julien estima quant à lui que l’enfant essaierait de prendre la bouteille la plus accessible, alors que Maïssane soutint que même si la bouteille d’eau est plus proche, il irait par curiosité vers l’autre.

Anne-Lise dit alors que ce serait plus intéressant de parler des adolescents : pour eux, y a-t-il un age pour boire de l’alcool ? Elle pense que c’est un âge où on découvre plein de choses, où on découvre la vie, où on fait des bêtises, voire des grosses bêtises dont certaines peuvent coûter la vie, la seule motivation étant parfois de se rendre intéressant, de faire bien par rapport à ses amis. Léa, s’appuyant sur cette idée, pensa que des adolescents pouvaient tenter de boire de l’alcool « pour voir », pour découvrir le monde. Mais Anne-Lise affirma que ce n’est pas seulement pour découvrir : certains seulement savent s’arrêter de boire avant que ce soit dangereux pour eux ou les autres. Il y aurait donc bien un âge qu’il faudrait attendre avant de commencer, mais cet âge n’est pas le même pour tous. Olivier insista alors pour dire qu’à son avis, il y a aussi des différences de maturité, par exemple entre les filles et les garçons. En réponse à une question que je lui posai, il répondit que, d’après ce qu’on dit et ce qu’il a constaté, cette différence serait plutôt au bénéfice des filles. Pour Maïssane, cette question de maturité est secondaire, parce que si on boit, on a envie de reboire et la maturité ne change rien.

Léa renchérit sur cette idée en disant qu’il y a des adultes qui sont alcooliques, donc c’est que tout cela n’est pas une question de maturité mais plutôt de conscience des risques. A quoi Anne-Lise répliqua que cette conscience elle-même est une certaine forme de maturité. Pour les adolescents alcooliques, dit quelqu’un, c’est une maladie. Maïssane ajouta que la conscience du danger qu’on court en buvant trop d’alcool n’empêche pas certains de continuer à en consommer. Olivier se montra en désaccord avec ce qui venait d’être dit. Pour lui, la maturité consiste à pouvoir se prendre en main, à savoir exactement ce qu’on fait. Quand on boit de l’alcool, on a conscience de ce qu’on fait. Il semble donc que les adultes alcooliques n’ont pas la maturité qu’ont certains adolescents.

Hélène affirma que, si quelqu’un préfère le Coca à l’alcool, il va prendre du Coca ; c’est une question de goût. Julien revint alors sur l’idée que les adolescents essaient aussi par curiosité. Sur quoi Maïssane enchaîna en disant que si un jeune prend un verre, il peut dire qu’il ne recommencera plus ; mais s’il en prend un, encore un, et d’autres encore, il finit par ne plus pouvoir s’en passer et en prend beaucoup.

Anne-Lise dit que quand on est adulte et qu’on sait qu’on doit s’arrêter dans certaines circonstances, ou qu’on ne prend pas le volant par exemple, après avoir bu, il n’y a pas de problèmes. Olivier vit là un rapport avec la maturité : les personnes qui se disent qu’elles vont dormir sur place après une soirée, peuvent se permettre de boire : elles ne vont nuire à personne d’autre qu’à elles-mêmes. Par contre, si on a affaire à quelqu’un d’irresponsable, cette personne va boire et prendre sa voiture sans souci des risques encourus.

Maïssane reprit l’exemple de ces personnes qui prennent un verre, puis un autre et ne peuvent arrêter. Julien dit que, dans ce cas, ça devient de la dépendance et Olivier estima que, alors, on a affaire à un alcoolique, tandis qu’il parlait plutôt, lui, des gens qui prennent un verre, qui boivent raisonnablement.

Continuant sur cette question, Anne-Lise dit que, pour elle, il y a boire et boire : un petit verre de vin, c’est différent des alcools forts, à 30° et plus. La réglementation qui interdit de vendre ces alcools aux mineurs lui parait correcte. Quand on est mineur, ajouta-t-elle, le mieux c’est de boire en présence d’une personne majeure. A une question de Léa, elle précisa que, par personne majeure, elle entendait « Quelqu’un de plus de plus de 18 ans ». Mais Olivier objecta que ça ne suffit pas toujours d’être adulte, en se basant sur l’exemple d’un alcoolique notoire qui habite en face du collège qu’il fréquente. Les élèves le trouvent parfois assis sur les marches de l’établissement où il s’installe après avoir bu : ce genre d’adulte n’est pas rassurant. Anne-Lise répliqua que cette homme-là est alcoolique et que, elle, elle parlait d’une personne majeure qui ne le serait pas… Mais elle arrêta de parler, pensant que ce qu’elle venait de dire était « bizarre ».

Revenant sur la question de la dépendance, Julien dit que c’est très dur, dans ce cas, de s’arrêter en fait, que ce soit de boire ou de fumer. Anne-Lise estima que les adultes qui les entourent doivent tenir compte des jeunes qu’ils ont en face d’eux. Léa dit que, pour elle, c’est bien de dire « Tu peux boire un peu d’alcool, mais sans aller jusqu’à l’alcoolisme ». Anne-Lise ajouta que tout cela dépend aussi des circonstances : après les cours, boire ne semble pas très opportun, mais lors d’une fête, ça se comprend mieux.

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Questions proposées pouvant faire l’objet d’un développement à partir de la discussion d’aujourd’hui :

 

· A quel age avons-nous conscience de boire de l’alcool avec tous les risques que ça comporte ?

· La question de la maturité

 

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Ont distribué la parole :

Pour la partie questionnement : Maïssane

Pour la partie vote : Julien

Pour la partie discussion : Léa

 

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