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Atelier de discussion philosophique pour enfants et adolescents

Université populaire de Caen

 

Séance du mardi 21 mars 2006

 

 

 

 

Nous avons repris le fonctionnement mis au point lentement au cours des précédentes années : le groupe choisit un objet ou un mot déclencheur, amené ou suggéré par un des participants. Ceux-ci sont ensuite invités à proposer des questions inspirées par cet objet ou ce mot, tout en ayant la possibilité de proposer des questions libres.

Aujourd’hui, Léa a suggéré l’expression « maltraitance des animaux ».

Questions proposées à partir de l’expression :

1.     Pourquoi les hommes font-ils des expériences sur les animaux et pas sur eux-mêmes ?

2.     Pourquoi les propriétaires battent-ils leurs animaux ?

3.     Pourquoi des gens abandonnent-ils leurs animaux ?

Questions « libres » :

 

4.     Les étudiants font-ils la grève contre le CPE ou pour s’amuser ?

5.     Pourquoi certaines personnes s’amusent-elles à frapper d’autres personnes ?

 

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QUESTION RETENUE APRES LE VOTE : 

Pourquoi les hommes font-ils des expériences sur les animaux et pas sur eux-mêmes ?

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Nous nous sommes d’abord interrogés sur la validité de l’affirmation implicite contenue dans la question, à savoir « Les hommes font des expériences sur les animaux et pas sur eux-mêmes ». Nous avons conclu que cette affirmation était en partie erronée, en évoquant les essais thérapeutiques, dont certains, l’actualité le montre, peuvent mal tourner. Il semble cependant que la différence de taille entre l’expérimentation animale et ces essais réside dans le fait que les humains qui y participent sont volontaires, et rétribués. De plus, dans la majorité des cas, ceux-ci ne souffrent pas…

 

On en vient alors à une question plus profonde,  pour le moins plus générale, sur les différences entre humains et animaux. Y en a-t-il ? Le langage, la pensée, … Les avis sont partagés. Mais pour beaucoup, le fait qu’on ne comprenne pas les animaux ne signifie en rien qu’ils n’ont pas de langage. Les différences sont donc ténues, même si des hiérarchies peuvent être établies entre animaux, du plus simple (le ver de terre) au plus « intelligent » (dauphin et singes supérieurs sont cités plusieurs fois). Dès lors, pourquoi même acceptons-nous de manger des animaux, s’ils sont si semblables ? A quoi Théo répond que cette façon de se nourrir est naturelle, dans la mesure où certains animaux en mangent d’autres également. Mais le fait qu’un comportement soit « naturel » suffit-il à le justifier ? Certains animaux sont cannibales – on cite le cas particulier de la mante religieuse qui dévore son mâle après l’accouplement -, d’autres dévorent leurs propres petits. Devons-nous suivre ce modèle pour penser que les hommes pourraient en faire autant ?

 

Par ailleurs, quel argument peut-on avancer pour refuser de manger de la viande, devenir végétarien, voire végétalien ? La simple référence au vivant semble insuffisante, puisque les plantes aussi, à l’évidence, sont des êtres vivants. La conscience alors ? Mais ne peut-on penser que la carotte souffre d’être arrachée et mangée ? Comment le savoir ? A l’inverse, que dire de la conscience d’un œuf, surtout non fécondé, comme le suggère Alice.

 

L’utilisation d’animaux est ensuite élargie à d’autres aspects : utilisation de la force animale pour le trait ; loisirs (« Un cheval souffre-t-il d’avoir un cavalier sur son dos ? ») ; voire applications militaires, comme ces dauphins qui étaient dressés à emmener des charges explosives vers des navires ennemis, devenant ainsi des torpilles vivantes.

 

L’idée qui traverse le débat est celle de la supériorité de l’homme sur l’animal. Ce sentiment de supériorité semble accompagner ces utilisations, qu’on se serve des animaux dans des expérimentations, comme nourriture, ou comme source d’énergie. On voit bien qu’on trouve dans l’histoire, ainsi que je le rappelai, des moments significatifs où certains hommes étaient considérés comme inférieurs. Cette infériorité supposée, et souvent dûment argumentée, conduisait les « dominants » à faire subir à ces hommes le traitement qu’on inflige encore maintenant aux animaux (comme au moment de la fameuse controverse de Valladolid, à la Renaissance, où l’Eglise espagnole affirmait que les Indiens de l’Amérique fraichement conquise n’avaient pas d’âme, ce qui autorisait qu’on les utilisât comme esclaves, comme bêtes de somme, avec les conséquences que l’on sait ; ou la sombre période des camps d’extermination Nazi, où la prétendue « race supérieure » pratiquait sur les Juifs et autres minorités des expériences médicales inhumaines au sens propre).

 

Cette partie de la discussion est considérée comme digressive par certains (« On s’éloigne du sujet », dit Maurane à deux reprises). Mais pour la plupart, cette digression ne semble pas poser problème. « Si on en arrive là, c’est que ça a un rapport avec le débat. » disent-ils.

 

[Il est évident, j’ai déjà eu l’occasion de le dire, que cette façon qu’ont les jeunes de tenir un discours méta-discursif, de s’observer en tant que participants à un débat, est un des objectifs que je poursuis. Discuter, et réfléchir sur la discussion elle-même, au-delà du sujet du jour. De la même façon, vivre, agir et s’observer agir, voilà qui change le rapport qu’on a à soi-même et au monde, enjeu majeur de la philosophie…]

 

C’est le temps qui s’écoule qui nous oblige, une fois de plus, à mettre un terme à la discussion, que la plupart auraient souhaité poursuivre.

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Ont distribué la parole :

Pour le questionnement :

Gilles (par manque de volontaires)

Pour le vote :

Léa

Pour la discussion :

Autogestion du groupe ; médiateur : Maurane

 

Ce fonctionnement donne satisfaction à tous. Il est reconduit.

 

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