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Université populaire de Caen
Au cours des
précédentes séances, dans le cadre de ce dispositif que je souhaite évolutif,
nous sommes arrivés à la décision suivante : à chaque séance, on utilisera
un support, que ce soit un objet apporté par un des participants ou, à défaut,
la suite du roman de Lipman. Les questions proposées ensuite pourront être soit
inspirées par l’objet ou le texte, soit être des questions
« libres ». Aujourd’hui, donc, en l’absence de support apporté par
les enfants, nous avons lu un nouvel extrait de « Kio et Augustine ».
Questions proposées à partir du texte :
Questions proposées sans référence au texte :
QUESTION RETENUE APRES LE VOTE :
Compte-rendu de la
discussion :
Nous nous sommes d’abord demandé si nous avons tous des amis. Il semble bien que non, car certaines personnes doivent s’imaginer qu’ils ont des amis (des dieux, des peluches, des amis imaginaires…). Et c’est dommage, car si tout le monde avait des amis, il y aurait sûrement moins de malheur. On évoque, par exemple, la canicule de l’été dernier.
Certaines personnes veulent se faire des amis pour ne plus être seuls. Mais d’autres (ou les mêmes…) n’ont pas d’amis à cause de leurs problèmes, précisément. On n’a pas d’amis dans ces cas-là à cause de la honte. Cela peut arriver, par exemple, à des handicapés, des paralysés, des malades ou handicapés mentaux… On ne va pas vers ces gens-là parce qu’on les sous-estime, et qu’on les traite comme moins que rien.
On peut dire qu’il y a davantage de gens qui n’ont plus d’amis que de gens qui n’en ont pas. C’est le cas des gens qui font des crises, qui sont des habitués des disputes…
Parfois, au contraire de ce qu’on disait précédemment, on voit des personnes aller vers des handicapés justement parce qu’ils le sont. Mais dans ce cas, est-ce que ce sont de vrais amis ? Et c’est quoi des vrais amis ? Pour Léa, ça n’existe pas. Sa meilleure amie l’a délaissée, donc on ne peut pas dire qu’on a des amis, car ça peut toujours arriver ce genre de choses.
Pour Olivier, un vrai ami, c’est quelqu’un avec qui le courant passe bien, avec qui on partage les mêmes idées, les mêmes passions, un grand nombre de choses qui fournissent des sujets de conversation. Il y a aussi la question de la fidélité, de l’absence de trahison. Et en particulier de la fidélité à la parole donnée. Il lui semble aussi qu’il faut passer du temps avec ses amis pour que l’amitié dure. Maïssane n’est pas d’accord sur ce point ou, plus précisément, sur la formulation « il faut ». Où serait l’envie là-dedans ? Quand on dit « il faut », faire ceci ou cela, est-ce qu’on est vraiment ami ? Sur ce, Olivier reformule en disant que, bien sûr, il n’y a pas d’obligation… Quand on a un ami, on a envie d’être avec lui souvent. « Un vrai ami c’est quelqu’un avec qui on a envie de passer beaucoup de temps », convient à tous.
Y a-t-il des raisons à l’amitié ? On discute quelque temps autour de cette question et on finit pas se dire qu’on ne sait pas pourquoi on est ami avec quelqu’un. Je donne alors l’exemple de l’amitié célèbre (et enjolivée, sûrement) entre Montaigne et La Boëtie. Quand on demandait à Montaigne pourquoi ils avaient été amis, il répondait « Parce que c’était lui, parce que c’était moi » Mais quand on est ami avec quelqu’un, c’est que on l’aime bien, quand même. N’est-ce pas une raison, ça ?
Julien dit alors que, quand on a un ami, il ne faut pas être égoïste avec lui. Maïssane, obstinée, revient sur le « il ne faut pas ». Julien indique alors qu’à son avis, on peut être égoÏste sans le savoir, par exemple quand un garçon a une Game Boy et joue devant son ami. A quoi il est répondu que s’il ne prête pas sa Game Boy, c’est que ce n’est pas un vrai ami. Ce serait un critère pour reconnaître quelqu’un qui n’est pas un ami.
Julien revient alors sur ce qui a été dit auparavant : « On n’a pas de raison de d’être l’ami de quelqu’un». Il déclare avoir une raison, lui : partager les mêmes idées, les mêmes passe-temps. Mais est-ce suffisant ? nécessaire, oui ! D’ailleurs, le premier moment de l’amitié serait quelque chose de l’ordre du feeling. Ensuite seulement les points communs émergent.
La discussion s’oriente ensuite vers une distinction conceptuelle : être copain, être ami, est-ce pareil ? Non ! Les amis sont plus rares ! Les autres, ceux qu’on fréquente, qui sont donc de simples copains, on s’entend moins bien avec eux. Olivier précise que copain et ami, pour lui, c’était la même chose quand il était en sixième. Mais maintenant il pense qu’il faut distinguer, que ami est plus fort que copain, car l’amitié inclut des notions de durée, d’intensité.
L’amitié est-elle plus compliquée quand les deux personnes sont de sexe différent ? C’est ce que pense Séverine Auffret, qui a consacré un cours entier à ce qu’elle appelle des « amitiés compliquées », précisément. Mais pour les enfants et adolescents présents, la réponse serait plutôt non : un garçon peut très bien avoir une amie. Le sexe n’intervient pas, mais la pensée, les goûts, … D’ailleurs, dans les couples, on voit le plus souvent des personnes de sexe opposé, mais il existe aussi des couples homosexuels, donc ça prouve que l’amitié entre personnes du même sexe existe. Mais cet argument tient-il ? Dans un couple, n’est-il pas question plus d’amour que d’amitié ? Olivier pense que c’est une question de degré : la copinerie serait le premier, puis l’amitié, le second ; puis, « t’exploses le record », l’amour !
En fin de séance, plusieurs thèmes ont
été proposés, suite à cette discussion, comme pouvant éventuellement en
constituer un approfondissement :
·
Les étapes décrites à la fin
de la discussion : copain, ami, amour, qu’est-ce que c’est ?
·
Une discussion spécifique
sur l’amour
A distribué la parole :
Une évolution particulière,
parce que non reproductible ailleurs, est proposée par les participants:
ne pourrait-on, en fin de séance, aller dans l’amphi et poser une question à
Michel Onfray, comme les adultes qui assistent à son cours le font ?
Interrogé par les enfants, Michel accepte, disant que ça lui ferait plaisir et
que, même, il pourrait inverser les rôles, se mettre dans le public et leur
poser des questions, à eux… Oserons-nous tester cela la semaine
prochaine ?
Prochaine séance, mardi 27 janvier 2004, amphi Tocqueville, 18h-20h
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