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Atelier de discussion philosophique pour enfants et adolescents

 Université populaire de Caen

 

Séance du mardi 9 mars 2004

 

 

Deux objets furent proposés par les enfants : une bille de verre et une montre. Conformément aux décisions prises précédemment, ils purent proposer soit des questions inspirées par ces objets, soit d’autres, librement inventées. 

 

Questions proposées à partir de la bille de verre :

  1. Qu’est-ce que l’impermanence ?
  2. Peut-on représenter la pureté ?
  3. Pourquoi notre image nous gêne-t-elle parfois ?
  4. Pourquoi y a-t-il différentes sortes de billes ?
  5. Qu’est-ce que la transparence ?

Questions proposées à partir de la montre :

  1. Sommes-nous prisonniers du temps ?
  2. La technologie nous est-elle indispensable ?
  3. L’esthétique sert-elle à quelque chose ?
  4. Pourquoi certaines personnes veulent-elles que leur vie soit totAliement sous contrôle ?
  5. Pourquoi certaines personnes ont-elles du dégoût envers d’autres ?
  6. Pourquoi est-ce que le concept de la mort nous est-il si inconnu ?

Questions proposées sans support :

  1. Pourquoi certaines personnes sont-elles égoïstes ?
  2. Pourquoi certaines personnes n’arrivent-elles pas à aimer ?
  3. Pourquoi oublie-t-on la mort ?
  4. Pourquoi certaines personnes sont-elles racistes ?
  5. Les activités de notre vie ne sont-elles pas une attente de notre mort ?

 

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QUESTION RETENUE APRES LE VOTE : 

Sommes-nous prisonniers du temps ?

 

Il y a semble-t-il dans cette question l’idée d’un rapport à la mort. On peut interpréter cela de la manière suivante : on a un temps à vivre, donc on ne peut faire que certaines choses dans le temps qui nous est donné. Un désaccord apparaît sur ce point, certains disant qu’on nous a donné la vie, et pas un temps précis…

Cependant, faisant écho au vote blanc de deux participants, plusieurs enfants se demandent comment on va pouvoir débattre de cette question. Virginie fait une synthèse des deux positons en disant que, pour elle, on a un certain temps mais qu’on ne sait pas quand on va mourir. Pour Anne-Lise chaque chose que l’on fait, on le fait en fonction d’un certain temps, mais ça se termine. Léa pense qu’on est toujours emprisonné : on trouve qu’on n’a pas assez de temps pour vivre, mais c’est parce ce qu’on fait le plus dans la vie c’est travailler : dès qu’on rentre à l’école, il n’y a plus que ça, le travail…. Olivier renchérit en disant que dans notre société, il n’y a que le travail qui compte, surtout avec le gouvernement qu’on a ; c’est le régime politique qui impose ça. Virginie interpelle alors Léa et lui demande si elle veut dire qu’on se met à travailler dès qu’on arrive au monde. Léa précise : « Non, on ne fait que ça de travailler à partir de l’école primaire. J’ai l’impression qu’on a moins de vacances que de travail ». Virginie et Justine soumettent à Léa leur interprétation de ses paroles, en disant qu’à leur avis, elle veut dire qu’on n’a pas assez de temps pour nous, pour profiter de notre vie. Léa acquiesce.

Anne-Lise réplique en disant qu’elle ne voit pas cela de cette façon. Elle précise : « Par exemple, ici on a un temps limité pour débattre, d’autres activités, comme les programmes de télé, sont basés sur le temps. Certaines personnes, qu’on peut qualifier de « baba cool » profitent plus de leur vie car ils prennent le temps. Mais même là, il y a une fin. » Revenant sur l’idée du travail, Virginie affirme que le temps qu’on prend à travailler peut être important pour nous aider aussi.

S’ensuit un échange entre Olivier et Anne-Lise sur la notion de limite que celle-ci a mise en avant : Est-ce que tout est vraiment limité ? « Oui dit Anne-Lise, tout a une fin, tout est limité, tout est le temps…. » Avant de conclure en disant qu’elle va réfléchir à nouveau à tout cela. Olivier répond qu’il est d’accord en ce qui concerne l’espèce humaine, les animaux : ils ont un temps limité.  Mais si on prend l’Univers, on voit que les scientifiques ont créé un faux début, le Big Bang…. Mais lui aussi dit avoir besoin d’un temps supplémentaire de réflexion. Anne-Lise enchaîne : « Là on parle de science, mais nous on n’a pas les ressources pour en parler ». Olivier n’est pas de cet avis, et pense qu’un sujet pareil, même étiqueté scientifique, peut être discuté. Pour lui, c’est inconcevable, comment imaginer que l’Univers ait eu un début ? On ne peut pas le mesurer ! Comment imaginer que ça disparaisse, puisque d’après Anne-Lise, tout a une fin ? Anne-Lise lui fait une objection : « Tu dis, après la fin de l’Univers, il n’y aura rien, mais c’est quoi, rien ? »

Léa dit alors que, en ce qui concerne le  programme télé, s’il y a une fin, c’est fait exprès. Le programme est fait pour avoir une fin, mais l’univers ne disparaitra jamais… Julien émet l’hypothèse qu’il y aura un autre Big Bang. Anne-Lise dit alors qu’on n’a pas le temps de faire autre chose que de prendre le temps.

Olivier envisage le cas des autres êtres vivants, et exprime que, pour lui, l’être humain est une des races qui puisse penser, qui puisse donc avoir un rapport aussi précis avec le temps. C’est une des rares espèces à savoir qu’il y aura une fin à sa vie. Les végétaux et les minéraux n’ont pas tous le même rapport au temps ; les espèces animales autres que les humains ne doivent donc pas être prisonnières du temps. Mais Eugénie objecte qu’on ne peut pas le savoir, puisque nous n’avons jamais été des animaux. Léa se déclare en désaccord avec Olivier quand il dit que l’espèce humaine est la seule qui parle. Pour elle, quand il dit que les animaux ne peuvent pas parler, c’est comme s’il disait que les Espagnols ne peuvent pas parler. Ce qui différencie les animaux des humains, dit Anne-Lise, c’est la conscience. Mais Justine ne semble pas d’accord pour dire que les animaux communiquent. Et ce n’est pas parce qu’on communique qu’on a une idée précise de ce qui nous entoure. Les jeunes enfants par exemple ne savent pas ce que c’est que la mort. Virginie pense, elle, que les animaux ont conscience de la mort. Ils restent parfois près de cadavres. Un cheval par exemple qui voit un autre cheval qui ne bouge plus, reste là et essaie de le faire bouger. Léa revient sur une idée déjà émise pour dire qu’on ne sait pas ce que les animaux ont dans la tête, donc qu’on ne peut pas savoir.

Justine souhaite alors rectifier ce qu’elle a dit : certains animaux ont la conscience qu’ils vont mourir, les éléphants par exemple. Elle pense aussi qu’il n’est pas nécessaire d’être dans la tête des animaux, qu’on peut les étudier pour comprendre ce dont ils ont conscience.

Virginie voit dans le fait que les animaux fuient à l’approche d’un prédateur une preuve de leur conscience de la mort. Quand un prédateur arrive, certaines espèces ont des systèmes d’alerte. Mais pour Olivier, ce cas fait référence à une mort par une cause extérieure. Il pense par contre que les animaux n’ont pas conscience qu’ils vont mourir de mort naturelle. Léa ajoute que quand un dinosaure herbivore entendait un cri de carnivore, il savait qu’il allait mourir, sinon il n’aurait pas couru pour se mettre à l’abri. Il avait donc conscience de la mort, mais plus par des prédateurs que par mort naturelle. Virginie ajoute que, quelque part, nous sommes nous aussi des animaux, qu’on fait partie de ce cycle-là. Puisque nous avons conscience de la mort, certaines bêtes peuvent en avoir conscience aussi. Léa dit que nous, les humains, nous sommes au sommet de la pyramide. S’il y avait quelqu’un d’autre au-dessus de nous, ce ne serait sûrement pas une race animale.

La fin de la discussion fut occupée par un débat entre Julien et les autres participants, autour de la question de la première fois. En gros, il s’agissait de savoir si le premier herbivore qui s’est fait attaquer a fui ou non, ce qui confirmerait une certaine conscience de la mort. Circonstances dont il est difficile de tirer des conclusions, semble dire Virginie, car l’herbivore en question a bien vu bien ses congénères qui couraient… Plusieurs minutes d’échanges ne parvinrent pas à épuiser le sujet… 

 

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Questions proposées pouvant faire l’objet d’un développement à partir de la discussion d’aujourd’hui :

 

·        Est-ce que les animaux pensent comme les humains ?

·        Est-ce qu’un animal domestique peut toujours ressentir son instinct sauvage ?

·        Est-ce que les animaux vivent mieux en groupes ou solitaires ?

 

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Ont distribué la parole :

Pour la partie questionnement : Olivier

Pour la partie discussion : Maïssane

 

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